Les mosaïques d'Almaty, en particulier la représentation du conte folklorique kazakh "Enlik et Kebek" sur la façade de l'Hôtel Almaty, sont considérées comme des chefs-d'œuvre de l'art monumental de l'ère soviétique. Celles-ci, délicatement confectionnées à partir de carreaux de verre, ornent les murs de la ville. Certaines d'entre elles ne se dévoilent pas facilement aux passants, et il faut un œil aguerri pour les repérer.

Ce qui distingue particulièrement la mosaïque "Enlik et Kebek" est une découverte fascinante partagée par Dennis Keen, américain passionné par la culture kazakhe et l'art soviétique : lorsque l'on examine de près la mosaïque, deux carreaux portant des initiales révèlent des origines intrigantes : la Fabrique de Verre Impériale Russe pour l'un et un artisan italien pour l'autre. Comment se fait-il que l'on trouve ce nom italien sur un mur en mosaïque au Kazakhstan ? Leopoldo Bonafede, un Romain, fut appelé par le Tsar Nicolas Ier pour diriger l'atelier de mosaïque russe, initialement établi à Rome en 1846 et transféré à Saint-Pétersbourg dix ans plus tard. Bonafede fut l'un des étudiants les plus brillants du célèbre mosaïste Michelangelo Barberi à Rome. Sa vaste connaissance de la chimie lui a permis de faire progresser considérablement les techniques d'émaillage, produisant des pièces d'une qualité exceptionnelle.

Ces détails de la mosaïque mettent en lumière la façon dont les échanges internationaux de techniques artistiques pendant l'ère soviétique ont convergé pour créer des œuvres remarquables.

Revenons maintenant à notre conte folklorique !

Le conte d'Enlik et Kebek remonte à une légende kazakhe du XVIIIe siècle, méticuleusement documentée par Shakarim Kudaiberdiev, un poète, philosophe et historien kazakh, dans un poème publié en 1912. Mukhtar Auezov, écrivain et dramaturge kazakh renommé, a ensuite porté cette légende à un public plus large à travers sa pièce "Enlik — Kebek", considérée comme un pilier du théâtre kazakh.

L'histoire d'Enlik et Kebek se déroule sur fond de rivalités entre deux tribus kazakhes. Enlik, une talentueuse jeune femme de la tribu Naiman, est fiancée dans son enfance au frère d'un parent, Yesen. Cependant, elle s'éprend de Kebek, un fier guerrier de la tribu Tobykty. Enlik et Kebek, défiant les conventions sociales, s'enfuient dans les montagnes d'Orda pour vivre leur amour interdit et mettre au monde leur fils.

Sur la mosaïque, le maléfique Yesen (en bleu) semble être vaincu. Cependant, les fins heureuses ne sont pas au programme dans les histoires d'amour traditionnelles kazakhes. Les vies d'Enlik et Kebek se terminent ainsi tragiquement, lorsque les anciens de leurs tribus les condamnent à mort pour leur désobéissance. Rattrapés et finalement exécutés, Enlik et Kebek connaissent un destin similaire à celui des Roméo et Juliette shakespeariens.

Mosaïque colorée représentant des figures mythiques en action.